Bac Oral de Français
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Bac Oral de Français

Ici vous trouverez, tout les documents pour réviser l'Oral de Français.
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

 

 La Peste, texte 2 : le prêche de Paneloux

Aller en bas 
AuteurMessage
grafion
Admin



Messages : 12
Date d'inscription : 11/01/2012

La Peste, texte 2 : le prêche de Paneloux Empty
MessageSujet: La Peste, texte 2 : le prêche de Paneloux   La Peste, texte 2 : le prêche de Paneloux I_icon_minitimeDim 22 Jan - 19:21

La Peste , texte 2 : le prêche de Paneloux

Paneloux tendit ici ses deux bras courts dans la direction du parvis, comme s’il montrait quelque chose derrière le rideau mouvant de la pluie : « Mes frères, dit-il avec force, c’est la même chasse mortelle qui court aujourd’hui dans nos rues. Voyez-le, cet ange de la peste, beau comme Lucifer et brillant comme le mal lui même, dressé au-dessus de vos toits, la main droite portant l’épieu rouge à hauteur de sa tête, la main gauche désignant l’une de vos maisons. À l’instant, peut-être, son doigt se tend vers votre porte, l’épieu résonne sur le bois ; à l’instant encore, la peste entre chez vous, s’assied dans votre chambre et attend votre retour. Elle est là, patiente et attentive, assurée comme l’ordre
même du monde. Cette main qu’elle vous tendra, nulle puissance terrestre et pas même, sachez-le bien, la vaine science humaine, ne peut faire que vous l’évitiez. Et battus sur l’aire sanglante de la douleur, vous serez rejetés avec la paille. »
Ici, le père reprit avec plus d’ampleur encore l’image pathétique du fléau. Il évoqua l’immense
pièce de bois tournoyant au-dessus de la ville, frappant au hasard et se relevant ensanglantée, éparpillant enfin le sang et la douleur humaine « pour des semailles qui prépareraient les moissons de la vérité ».
Au bout de sa longue période, le père Paneloux s’arrêta, les cheveux sur le front, le corps agité d’un tremblement que ses mains communiquaient à la chaire et reprit, plus sourdement, mais sur un ton accusateur : « Oui, l’heure est venue de réfléchir. Vous avez cru qu’il vous suffirait de visiter Dieu le dimanche pour être libres de vos journées. Vous avez pensé que quelques génuflexions le paieraient bien
assez de votre insouciance criminelle. Mais Dieu n’est pas tiède. Ces rapports espacés ne suffisaient pas à sa dévorante tendresse. Il voulait vous voir plus longtemps, c’est sa manière de vous aimer et, à vrai dire, c’est la seule manière d’aimer. Voilà pourquoi, fatigué d’attendre votre venue, il a laissé le fléau vous visiter comme il a visité toutes les villes du péché depuis que les hommes ont une histoire. Vous savez maintenant ce qu’est le péché, comme l’ont su Caïn et ses fils, ceux d’avant le déluge, ceux de Sodome et de Gomorrhe, Pharaon et Job et aussi tous les maudits. Et comme tous ceux-là l’ont fait, c’est un regard neuf que vous portez sur les êtres et sur les choses, depuis le jour où cette ville a refermé ses murs autour de vous et du fléau. Vous savez maintenant, et enfin, qu’il faut venir à l’essentiel. »
Un vent humide s’engouffrait à présent sous la nef et les flammes des cierges se courbèrent en
grésillant. Une odeur épaisse de cire, des toux, un éternuement montèrent vers le père Paneloux qui,
revenant sur son exposé avec une subtilité qui fut très appréciée, reprit d’une voix calme : « Beaucoup d’entre vous, je le sais, se demandent justement où je veux en venir. Je veux vous faire venir à la vérité et vous apprendre à vous réjouir, malgré tout ce que j’ai dit. Le temps n’est plus où des conseils, une main fraternelle étaient les moyens de vous pousser vers le bien. Aujourd’hui, la vérité est un ordre. Et le chemin du salut, c’est un épieu rouge qui vous le montre et vous y pousse. C’est ici, mes frères, que se
manifeste enfin la miséricorde divine qui a mis en toute chose le bien et le mal, la colère et la pitié,
la peste et le salut. Ce fléau même qui vous meurtrit, il vous élève et vous montre la voie.
Revenir en haut Aller en bas
 
La Peste, texte 2 : le prêche de Paneloux
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» La Peste texte 5 dénouement
» La peste texte 1 : incipit
» La Peste texte 4 La mort de l'enfant
» La Peste, texte 3 : dialogue Tarrou / Rieux
» correction sujets argumentatifs sur la Peste

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Bac Oral de Français :: Textes-
Sauter vers: